Dans les établissements scolaires français, l’éducation pour le développement durable prend de plus en plus d’importance, puisque c’est une injonction institutionnelle, très souvent relayée par les politiques des collectivités territoriales. À ce jour, il est difficile de mesurer l’impact exact de cette nouvelle vision de la société sur l’organisation et sur le fonctionnement des établissements engagés pour le développement durable car les personnels et les élèves des établissements en ont une représentation confuse. L’éducation au développement durable contribue assurément à multiplier les actions de sensibilisation aux éco-gestes. Cependant, ses fondements politiques et éthiques sont rarement débattus, de sorte que l’éducation au développement durable apparaît plutôt comme « allant de soi » dans les établissements d’enseignement agricole. Or, les enjeux de l’éducation au développement durable, au sens fort du terme, ont une portée qui ne se limite pas à la dimension environnementale. C’est toute la conception du système de l’établissement en lien avec son environnement qui est en jeu. Le document programmatique de l’enseignement agricole (2009-2014, 5e schéma prévisionnel des formations, DGER) porte d’ailleurs cette ambition d’une « véritable intégration de la durabilité dans les projets d’établissement, y compris dans les modalités de gouvernance ». De 2009 à 2011, nous avons conduit une recherche-action, dans deux établissements d’enseignement agricole, autour des conditions dans lesquelles un établissement peut effectivement faire évoluer son mode de gouvernance traditionnel en prenant appui sur les principes du développement durable. Notre contribution a ici pour but de montrer les apports et les limites de cette expérience.