Les premiers lauréats du prix Albert-Londres (1933-1939), des défenseurs du reportage social ? Politiques d’observation d’un journalisme d’enquête entre héritages et métamorphoses
Résumé
Over a period of ninety years, all of the Albert-Londres prizes constitute an interesting platform for observing the legacies and metamorphoses of French-speaking investigative journalism. The works of the recipients of the prize form a vast composite corpus in the written press, since 1933, in audiovisual journalism, since 1985 or in the form of books, since 2017. The winners today defend a polymorphous and often engaged practice of investigative reporting, focused on social subjects.
Situated from 1933 to 1939, the corpus of the first seven winners allows us to question the dynamics and the socio-political markers which initiated, or not, the history of the Albert-Londres prize, in the aftermath of the disappearance of the great reporter and on the eve of the Second World War. We pay particular attention to the subjects of the events reported and the positioning of the authors on them. We shed light on some of the formal investigation procedures. Aesthesia, “it is the opposite of anesthesia”, explains Frédéric Lambert, it is the inscription of the senses as a means and method of perception from the development of the investigation in the field until the shaping the story. It is a question of observing the strategies of a writing of reality that is both literary and media, of questioning the political and social angles which direct journalistic stories or those which remain on their margins.
Sur une période de quatre-vingt-dix années, l’ensemble des prix Albert-Londres constitue une intéressante plateforme d’observation des héritages comme des métamorphoses du journalisme d’enquête francophone. Les œuvres des récipiendaires du prix forment un vaste corpus composite en presse écrite, depuis 1933, en journalisme audiovisuel, depuis 1985 ou sous la forme d’ouvrages, depuis 2017. Les lauréats défendent aujourd’hui une pratique polymorphe et souvent engagée de l’enquête de reportage, attelée à des sujets sociaux.
Situé de 1933 à 1939, le corpus des sept premiers lauréats permet d’interroger la dynamique et les marqueurs sociopolitiques qui amorcent, ou non, l’histoire du prix Albert-Londres, au lendemain de la disparition du grand reporter et à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Nous portons une attention particulière aux sujets des événements rapportés et au positionnement des auteurs sur ceux-ci. Nous éclairons quelques-unes des procédures formelles d’enquête. L’esthésie, « c’est l’inverse de l’anesthésie », précise Frédéric Lambert, c’est l’inscription des sens comme moyen et méthode de perception depuis l’élaboration de l’enquête sur le terrain jusqu’à la mise en forme du récit. Il s’agit d’observer les stratégies d’une écriture du réel à la fois littéraire et médiatique, de questionner les angles politiques et sociaux qui dirigent les récits journalistiques ou ceux qui demeurent en leur marge.
| Origine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
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